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12 Apr

Marathon de Paris 2014

Publié par Siocnarf Marathonman

Autopsie d'un échec relatif

Dimanche 6 avril, 8h45. Un coup de feu retentit. Kenenisa Bekele est parti avec le reste des favoris, ses compatriotes éthiopiens et leurs ennemis préférés kenyans. J'ai hâte d'en découdre, de mordre à pleines dents dans ces 42,195 kilomètres, et quelque 2 minutes plus tard, c'est à mon tour de m'élancer. L'un débute sur Marathon, l'autre en est à son 3e. L'un veut terminer sous les 3 heures, l'autre veut gagner et battre le record de l'épreuve. L'un a un palmarès immense, l'autre une certaine expérience sur des courses de 20 kilomètres et plus. L'un et l'autre ne sont pas forcément ceux qu'on croit à la description...

Previously on...

Pour comprendre le récit de ma dernière course, il est indispensable de faire un retour sur les épisodes précédents. Mon premier Marathon remonte à 2011, déjà à Paris. A l'époque, j'ignorais quel temps je pouvais espérer, et n'avais pas d'autres réelle ambition que de descendre sous les 3h30. Après avoir suivi assez fidèlement un plan d'entraînement trouvé sur le site officiel, j'étais parti sur les bases de 3h15. J'avais commencé à souffrir vers le 32e kilomètre, et m'étais arrêté pour boire un verre de boisson énergisante 2 kilomètre plus tard, pensant que cela me revigorerait. Mal m'en avait pris puisqu'une vieille blessure au genou, suite d'un accident de ski, s'était alors réveillée. Peinant à marcher à se moment, j'étais proche de l'abandon, mais j'avais réussi à "réparer" mon genou et à terminer au courage et au courant, terminant même au sprint en moins de 3h20. Plus que la distance qui m'était inconnue, c'était la chaleur qui m'avait handicapé. En 2012, je remettais ça avec un entraînement plus poussé, mais que je n'avais pu terminer à cause d'une blessure de fatigue au tibia, conséquence de multiples petites erreurs. En 2013, j'avais bénéficié d'un entraînement hebdomadaire avec un coach depuis la rentrée de septembre 2012, mais je m'étais appuyé sur mes programmes d'entraînement des années précédentes sans suivre un plan précis. Visant la barre des 3h, j'étais passé idéalement au semi-marathon en 1h27'30, mais avais encore buté sur la barre du 32e kilomètre. J'avais payé mon relatif manque d'entraînement par des débuts de crampe qui m'avaient forcé à marcher par moments et m'appuyer sur des arbres du bois de Boulogne pour m'étirer. Le temps perdu dans les derniers kilomètres avait été conséquent, mais mon record avait tout de même été amputé de plus de 6 minutes (3h12'53), ce qui atténuait quelque peu la déception.

L'entraînement

Pour cette année, le coach était de retour pour encadrer l'AS CCR (Association Sportive de la Caisse Centrale de Réassurance), mais nous avions cette fois une bonne partie du groupe qui préparait également le Marathon, avec pour conséquences favorables un 2e entraînement hebdomadaire, un plan d'entraînement détaillé et personnalisé, et en ce qui me concerne un compagnon d'entraînement, ce qui fait passer certaines séances plus vite! Le plan d'entraînement était sur 12 semaines, à raisons de 5 sessions par semaine. Il était donc exigeant, mais n'avait pas pour but de courir le plus possible et présentait une certaine variété. Une semaine type était composée d'une séance de renforcement musculaire, une séance de côtes/escaliers/sprints, une séance de fractionné court, une séance de fractionné long et une séance lente, soit 4 pauses déjeuner et un samedi ou dimanche matin. L'intensité et les distances augmentaient progressivement, pour atteindre leur paroxysme lors d'un week-end choc 3 semaines avant le Marathon. Pour ma part, il consistait en une sortie de quelque 30 kilomètres à vitesse Marathon le samedi 15 mars au soir, à la lumière de la pleine lune, suivie le lendemain matin du semi-Marathon de La Rochelle, 2 semaines après celui de Paris. Si le premier n'avait été pour moi qu'une simple formalité, j'ai souffert dans les derniers kilomètres du deuxième, la faute sans doute aux 30 kilomètres de la veille! Mais les temps effectués sur mes 3 semi-Marathons officiels, tous dans les 1h25, n'ont pour moi pas de valeur puisque réalisés dans le cadre de préparations. L'unique objectif, c'était le Marathon, celui de Paris en l'occurrence.

La collecte

Deux jours avant le départ, alors que la préparation était terminée, il me restait une action à mener, et non des moindres, la diffusion de ma page de collecte pour le Défi du Mékong, en vue de participer à la construction d'une école en Asie du Sud-Est. Grâce à vous, la collecte a été fulgurante puisque les 900 € ont été dépassés en moins de 24h, et les 1000 € seront atteints au lendemain du Marathon.defidumekong. Il est encore temps de faire des dons, mais le succès est d’ores et déjà au rendez-vous de ce côté.

C'est parti!

Me voici de retour en direct sur la ligne de départ. Je suis dans la forme de ma vie. La seule ombre au tableau est la présence inopinée du soleil, qui me rappelle les mauvais souvenirs de 2011. A peine plus loin et sur un coup de chance, je suis surpris par une collègue qui attend son mari. Au 5e kilomètre, c'est ma chérie qui me prend en photo, avant de m'accompagner un petit peu. A froid, c'était de toute façon dur de faire mieux, d'autant que j'ai accéléré inconsciemment grâce à son soutien.

 

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En pleine forme au 5e km!!!

En pleine forme au 5e km!!!

Le premier semi

Arrivé dans le bois de Vincennes, c'est le coach qui prendra le relais, en mode compétition. Souvent participant lors de courses qu'il fréquente, il n'est cette fois que spectateur, mais un spectateur actif! Il m'accompagne sur quelques centaines de mètres, vérifiant mon allure, s'assurant que tout va bien, me proposant eau et autres bonbons et me prodiguant les derniers conseils. A ce moment-là, tout va bien, mais ça fait toujours plaisir d'être soutenu! Arrivé au semi-Marathon, ma course est quasiment un calque de celle de 2013, je passe avec 8 secondes d'avance sur mon temps de l'année dernière, mais avec de meilleures sensations jusque là. 1h27'22, ça me laisse un peu de marge pour la deuxième moitié.

Alertes en série

Vers 10h25, une double alerte survient.

Marathon de Paris 2014

J'ai parcouru quelque 24 kilomètres et je ressens un gros coup de chaud sur le visage tandis que devant, Kenenisa Bekele a une douleur à la cuisse. Evidemment, je ne le sais pas encore, il n'y a pas de haut-parleurs sur le parcours et je n'écoute pas la radio. Je continue en m'aspergeant d'eau dès que je peux. Bekele, lui, fait de même en ralentissant un peu, hypothéquant ses chances de descendre sous les 2h05. Tout est relatif... 10h25, c'est aussi le moment approximatif où je suis censé retrouver ma chérie. Le lieu de rendez-vous était vaste - après Bastille - mais étant donné la densité de personnes sur le parcours et au bord de la route, il est quasiment impossible de se rater. Concernant le timing, je lui avais dit "à partir de 10h15", elle m'avait répondu "j'y serai à 10h". Malheureusement, sa mémoire avait retenu 11h, et j'étais évidemment déjà loin à ce moment-là, et le 3e point de rendez-vous au kilomètre 36 va également passer à l'as, mais je ne le sais pas encore. Sur le parcours, j'ignore tout ça bien sûr, et j'imagine toutes sortes de scénarios expliquant son absence quand arrive le fameux tunnel du 26e kilomètre, à partir duquel j'ai perdu tout espoir de la voir. Le tunnel est toujours aussi long, et c'est sans doute un des passages les plus difficiles du parcours. Il fait noir. Il n'y a personne. Il n'y a pas de repère chronométrique puisque le GPS ne fonctionne plus. Seule l'ambiance de discothèque tous les 300 mètres environ permet de redonner un peu d'énergie. La sortie est une fausse délivrance. Nous nous retrouvons en plein soleil, et il faut remonter au niveau des quais. Le cote est assez courte mais relativement abrupte pour des jambes qui ont déjà bien travaillé. Mon rythme a un peu baissé, mais je reste largement dans les temps pour descendre sous les 3h. Au 30e kilomètre, une foule importante est présente, qui préserve de se prendre le célèbre mur grâce aux encouragements.

 

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Where is Siocnarf?

Where is Siocnarf?

La chaussée semble se resserrer comme au sommet de l'Alpe d'Huez sur le Tour de France... mais ici, l'arrivée est encore loin. Du moins pour moi, puisqu'à ce moment, un autre coureur me signale que le vainqueur doit être arrivé.

Le début de la fin

Un rapide coup d'œil à ma montre confirme ce constat. Je cours depuis 2h05, et Kenenisa a effectivement passé la ligne, battant le record mais sans descendre sous cette fameuse barre. Mais j'ai d'autres préoccupations. Au 32e kilomètre, je passe en 2h15. Le calcul est simple, il me reste 3/4 heure pour parcourir 10 kilomètre. En temps normal, ce n'est même pas un challenge (mon record est sous les 37 minutes), mais là, je commence à douter. Mon rythme continue à baisser et approche des 4'30 au kilomètre, l'allure qu'il me faudra tenir. C'est là que le mental joue, et ce sera en ma défaveur. Depuis l'arrivée du Marathon 2013, je ne vise qu'une seule chose, un chrono sous les 3h. C'est cette obnubilation qui causera ma perte. Quand je m'aperçois que je fais 4'45 au 34e kilomètre, je prends un énorme coup derrière la tête, d'autant plus que pour la 3e fois, je fléchis au même endroit. Je perds ma lucidité, ne comprends pas comment un tel entraînement peut ne pas payer, et me dis que je n'ai peut-être pas le niveau pour passer cette barre fatidique. Sans ce décrochage, je n'aurais effectivement sans doute pas pu descendre sous les 3h, mais j'aurais pu largement raboter mon record en passant vers 3h05. Mais mon obstination, qui a eu un effet positif à l'entraînement, se retourne cette fois contre moi. Au 35e km, je perds une minute pleine et la fin de mes dernières illusions. Croyant à une défaillance physique, je mange sans doute un peu trop au ravitaillement, et cela ma coûte une petite halte dans le bois de Boulogne, perdant encore plus de temps. Ma seule consolation est que, hormis ce petit arrêt improvisé et quelques secondes de marche lors du dernier ravitaillement, je n'ai pas cessé de courir, contrairement à l'année dernière. Si je m'autorise ces quelques secondes de marche, c'est d'ailleurs parce que je me suis rendu compte que je ne pourrai même pas égaler mon temps de 2013. En vue de la ligne d'arrivée, je parviens tout de même à accélérer un peu. Verdict : 3h14'12, soit précisément 79 secondes de plus que mon record. Une petite consolation viendra plus tard : malgré le temps perdu, j'ai gagné plus de 300 places (2225e vs 2559e en 2013), ce qui prouve que les conditions étaient plus difficiles cette année.

Premiers débriefings

Je souris tant bien que mal à la remise de la médaille. Je suis dépité par ma performance, d'autant que si je ressens de la fatigue, mes jambes sont en parfait état de fonctionnement. Je ne comprends pas ce qui s'est passé. Je croise par hasard mon partenaire d'entraînement Alexandre, parti dans le sas 3h15, et qui m'a doublé vers le 35e kilomètre, sans que nous nous en apercevions, pour finir avec l'excellent chrono de 3h02'30. Avec exactement la même préparation et une petite longueur d'avance pour moi si on se réfère à nos précédentes courses, sa performance ne fait que renforcer mon incompréhension, même si je suis très content pour lui. La grande différence est que lui ne visait pas à tout prix les 3h, pour son 2e Marathon (3h18 l'an dernier). Pourtant, nous nous rendrons compte plus tard que nous avons eu le même rythme pendant 30 kilomètres, à tel point que nous n'étions séparés que de 7 secondes en temps réel, soit un écart infime de 0,23 seconde au kilomètre! Lui aussi a flanché un peu à la fin, mais beaucoup plus subtilement, alors que je m'effondrais complètement.

Les prochains rendez-vous

C'est décidé, le prochain, nous le courrons ensemble, et ailleurs qu'à Paris! Le lieu est d'ailleurs tout trouvé, ce sera à La Rochelle le 30 novembre, dès 2014 donc. La température devrait être plus clémente en cette fin d'automne, et le parcours moins casse-pattes! Nous aurons certes le vent comme adversaire potentiel, mais les conditions parfaites sont de toute façon difficiles à réunir... Mais d'ici là, rendez-vous à Besançon pour le Trail des Forts, 47 kilomètres à travers la citadelle bisontine et la campagne environnante pour mes grands débuts dans la discipline! 

 

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Après les blogs, je me suis attaqué à une tâche plus ambitieuse, l'écriture d'un roman intitulé D'Îles en Elles!

Mes efforts sont récompensés puisqu'à partir du 12 septembre 2015, vous pourrez voir ce que cache ce fil rouge! Pour dénouer les liens de mes aventures parfois rocambolesques, il suffit de cliquer sur celui-ci... Et peut-être pourrez-vous lire quelques lignes à propos d'Enfants du Mékong...

Si mon blog mon plaît, je vous propose donc de découvrir mes premières pages de fiction!

"Avide d'aventures, Franck, 30 ans, veut prendre sa vie en main et y mettre de l'action. Et il va être servi.

Dans des contrées plus ou moins lointaines, de la Réunion à Paris en faisant un petit tour par Lyon, avant que l'histoire ne nous emmène dans ce pays si mystérieux qu'est l'Islande...

Il ne va pas être au bout de ses surprises, et va se retrouver pourchassé par d'énigmatiques bandits.

Dans ce tourbillon infernal, s'en sortira-t-il et parviendra-t-il à son but?"

Franck ZEUD

PS Si vous souhaitez une dédicace, je vous invite à laisser un commentaire ici afin que je puisse l'intégrer!

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